BEAU GESTE. Les poteries d'art de Cy Ceramic

Il était prêt à renfiler sa veste lorsqu’on est arrivé. C'était un peu tard, un lundi soir... On a fait un signe de l’extérieur en articulant au mieux : « C’est-encore-possible-d’entrer ? ». Deux minutes plus tard, il vous racontait par le menu les pochoirs et les séries en édition limitée de l’artiste grenobloise Petite Poissone avec laquelle il expose durant quatre jours dans le Boucl’art de Romain Conesa qu’ils ont métamorphosé tous les trois en galerie éphémère, juste avant Noël. Cyril Berthet parle des autres avant de venir à lui, à son métier ou plutôt à son nouveau métier – face au foisonnement d’objets, on n’aurait pas imaginé. « Je suis potier », dit simplement celui qui, derrière son nom d’artiste – Cy Ceramic — revendique la poterie, son côté rustique, le retour à la terre et au temps qu’elle symbolise « à cause du temps de la cuisson, du séchage, de l’émaillage ; c’est pas mal de ralentir et de s’inscrire dans cette temporalité qu’impose la terre », explique celui qui, à 45 ans, a changé de vie, mis la terre au centre et, depuis un an, tourne joliment autour.

Formé chez Florian Culis et Anaïs Michalinoff à Autrans, l’artisan d’art élabore, dans son atelier confidentiel à Grenoble, des poteries d’art dont la légèreté et la sensualité — parfois teintées d’humour comme ses assiettes estampillées d’un « crac », d’un « aïe » ou d’un « blablabla » — transcendent le côté rustique, et c’est justement là sa signature. Cy travaille le grés chamotté, le blanc minéral, joue sur les coulées, les stoppe là où il le faut — ce qui donne des pièces aux contours comme oxydés. Il flanque aussi ses pichets d’un tors aérien : « C’est comme un donuts », sourit l’artisan qui n’aime rien tant que contemporanéiser les objets usuels. Chez lui, le pichet devient plaisir des yeux, à l’instar de ses bouteilles, soliflores et de cette série d’assiettes inédites dans lesquelles il fait danser neuf personnages inspirés des arts primitifs et/ou des dessins d’enfants. Ils les a baptisés La louve, Les quatre fers en l’air, Grandes jambes et Tous à poil... comme une ode à la liberté. Il en reste encore quelques unes. Foncez !